Les pentes de Paris

Jaillir, tomber, s’écorcher les genoux Repartir

Jaillir, tomber, s’écorcher les genoux Repartir

Jaillir, tomber, s’écorcher les genoux Repartir

 

Le soleil tape en rythme sur mes tempes
Je regarde d’un œil mauvais tout ce qu’il faut que j’arpente

Le soleil tape en rythme sur mes tempes
En haut de cette colline, 21 siècles nous contemplent

 

Stan Smith aux pieds, de tout en haut, je prépare
un sprint vers au-delà de nulle part

Le ballet des courses inachevées
Le défi de tous les jours qu’on tâche de l’ver

 

Le soleil tape en rythme sur mes tempes

Baskets à réaction opé, me voilà prêt, se forme la pente
de ménil, mon cœur ne bat que pour tabasser la descente

Dépassant le regard des passants,
des supporters déçus partiront-ils rejoindre mon passé sans but,
entre eux lassés des abus de la butte ?

Sur les pentes de Paris, on y danse sur tous les fronts
Un carnaval de cavalcades qu’on avale car
nos caravanes de crânes avouent
qu’on est qu’des carnes au garde-à-vous

Je dégringole fier dans mes groles de gringo
Mes pieds ragga-dancehall autour des passants calypsos

Des tranches de vies, des arcs-en-ciel de peaux défilent sous mes yeux
Ici misère et confort se partagent l’enfer et les cieux

 

Jaillir, tomber, s’écorcher les genoux Repartir

Jaillir, tomber, s’écorcher les genoux Repartir

 

Je cours, je sprinte, je dévale, je hue et dia,
fragment d’un objectif dispersé par le vent que challengent mes foulées

J’étends mes gambettes tant et si bien que je n’en finis pas de grandir

J’suis un géant, Paris! Alors pour une fois, lève un peu les yeux!

J’ai des jambes de colosse pour traverser la foule
Pour enjamber tous les barbouzes qui déballent des bobards
que gobent les badauds aux sacs ballants de bibelots,
cours des miracles de Babylone

Mes poumons jadis purs boivent ton air nocif
A la fois Atlas s’attelant à la tâche et Sisyphe incisif
Je dévale ma boule de nerf dans les pentes de Paris, ma ville
J’ai tellement pris en torse que tes immeubles m’arrivent à la cheville

Et mes bras immenses s’abattent sur toi
en ombre oxymore sur ton soleil philosophale

Paris ! j’t’arrache les tombes d’une main
Et mes doigts sont des petits squelettes qui dansent dans le cimetière du père
La chair reprend vie comme mes shoes battent le pavé

La vitesse et tes angoisses font d’ma tête un panier percé
Psycho Paris, qu’est-ce que c’est ?

Et le vide aspire à plus de friction
Mes pas au travers des passants balbutient leur diction :

Asphalte. Vide. Asphalte. Vide. 30 fois. Asphalte. Vide. Sueur.
Rouge piéton. Bleu ciel. Gris bitume. Rouge feu. Vert piéton.

Le soleil tape en rythme sur mes tempes

Asphalte. Vide. Asphalte. Vide. Accélération. Asphalte. Saut. Suspension.

Paris, regarde-moi, je vole! Par dessus les regrets et tous tes abus
Paris ! J’te vomis tout l’alcool que j’ai pas bu

Paris, j’ai pas la fringale de tes toits
Pourtant c’est eux qui me nouent l’estomac

Paris, je te mords à pleine dent
Même si tu m’en as pris quatre
Je te mords jusqu’au sang
Paris! J’ai appris à me battre

Suspension. Vide. Asphalte. Accélération.

 

Dans ma chute contrôlée, j’ai le regard serré sur l’absence de but,
que l’on atteint quand même
Car dans la chevauchée folle de nos espoirs apragmatiques,
on court tous après quelque chose,

L’argent, l’amour, l’oubli

Ce sont eux qui attendent gentiment au bas de la pente

Mais à force de courir dans Paris avec la mort sur les talons
On en rate parfois leur rendez-vous
Car Paris, des fois, c’est

 

Jaillir, tomber, s’écorcher les genoux Et repartir

 

Et quand on court dans Paris, on en redéfinit les distances
et on ajuste le temps
On a juste le temps de serrer cinq doigts déjà petits, déjà qui s’éloignent
au rythme des pas qui tapent les pavés,
Juste le temps d’un « Hé, mec ! Ca va ? Salut ! A bientôt »

Et on retourne dévorer chacun notre petite parcelle de toi
Et l’on te fantasme alors, Paris, comme on t’exorcise,
sans jamais prier qui que ce soit

Car pour ma part, j’ai toujours les cieux dans ma poche,
quand je m’enfonce dans tes rues
Ivre de gravité, virevoltant absolu,

Même quand j’dévale tes pentes, Paris
C’est toujours plus haut, que j’te gravis

 

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